Baptême de Clovis Edouard

Bonjour Clovis Edouard, dit-elle non sans une pointe d'incertitude, les jumeaux se ressemblaient tant que malgré tout le temps de la pastorale elle avait encore du mal à les distinguer, notamment quand ils n'étaient pas côte à côte.

C'est un plaisir partagé, voila un moment, trop longtemps, surement que je n'étais venue ici. C'est un domaine réellement plaisant que vous avez. Je vous remercie, il y a tout ce qu'il faut et j'avais porté au cas où de quoi pouvoir célébrer cette cérémonie. Mais je vois que les cierges sont bien entretenus. Elle se disait que peut être Mousseline venait encore parfois se recueillir en ces lieux.

Et vous, comment allez-vous? c'est le grand jour, n'est-ce pas? La clerc enviait parfois cette jeunesse qui faisait ses premiers pas dans la Communauté tandis qu'elle ferait bientôt ses derniers.

En effet cette petite mais coquette chapelle était tout à fait inspirante. Les invités arrivaient peu à peu, Jenah salua tout d'abord Gwenaël. Bonjour à vous Gwenaël.

Puis vint Chevreux, qui allait parrainer Clovis Edouard. Lui aussi avais reçu mission d'Imladris pour veiller sur le jeune homme. Bien le bonjour Chevreux.

Et c'est ensuite Diraak qui arriva. Oh il est vrai que cela fait longtemps, comment vous portez vous? Le Lorrain avait l'air de bien aller.

Puis Clovis Edouard s'adressa de nouveau à elle. Bien, commençons donc, prenez donc place au devant avec votre parrain.

Un signe de tête à Cesare Copona qui venait d'arriver, puis Sœur Jenah commença, ouvrant largement les bras vers l'assemblée réunie.

Bienvenue à tous en la chapelle St André. Nous voila réunis aujourd'hui devant le Très-Haut pour célébrer le baptême de Clovis Edouard. Commençons par prier ensemble la miséricorde de Notre Père. Repentons nous pour nos erreurs avec honnêteté et humilité, sans rien cacher à Celui qui nous aime et que nous aimons. N'oublions pas également, de pardonner à notre tour, à l'image du Très-Haut, à ceux qui se repentent.

Les mains se rejoignaient doucement tandis qu'elle parlait pour finalement se coller l'une à l'autre. Puis la mère Dumas prononça la prière.

Citation :

Je confesse à Dieu tout-puissant, à tous les Saints, et à vous aussi, mes Amis, parce que j'ai beaucoup péché, en pensée, en parole, en action.
Je supplie tous les Saints, et vous, mes Amis, de prier le Créateur pour moi. Que le Très-Haut nous accorde le pardon, l'absolution et la rémission de tous nos péchés.

Les paupières qui s'étaient fermées le temps de cette prière très personnelle se rouvrirent. Le regard émeraude couvrit alors l'assemblée.

Sachez également, qu'afin d'approfondir cette réflexion sur les péchés ou les difficultés qui nous tourmentent, je vous invite également à venir régulièrement vous confesser au confessionnal, vous y serez toujours les bienvenus.

Soeur Jenah fit un pas en avant s’approchant un peu plus des présents et poursuivit :
J’invite maintenant Chevreux, le parrain de Clovis Edouard, à venir réciter le Credo avec nous, que soit ainsi affirmée la Foi aristotélicienne dans laquelle il guidera son filleul.

Et c'est la voix grave, mais tout à fait bien posée, du Ritter qui mena la prière suivie par les autres voix.

Merci, Chevreux. Dit la clerc reprenant la main de la cérémonie.

Ecoutons maintenant, un extrait du Livre des Vertus que j'ai choisi ce jour pour Clovis Edouard. Cet extrait concerne l'amitié et la sociabilité, amitié qui me lie à la famille Van Ansel, d'où mon choix ce jour.

En effet elle portait une grande amitié pour Mousseline et elle avait également reçu un devoir de la part d'Imladris, celle de veiller sur ses fils, pour leur éducation religieuse. Sœur Jenah se plaça devant le pupitre et se mit à lire.


Extrait du Livre des Vertus, le Duo Prophétique, Aristote - Dialogues XII - L'ermite :

Citation :

Aristote cheminait en Attique alors qu'il avait rendu visite à un lointain parent vivant à Thèbes. Il était seul, ayant laissé la responsabilité de son école à ses meilleurs élèves. Mais à une bifurcation, il se trompa de chemin et au lieu de redescendre vers la plaine et la ville, il s'engagea dans les collines. Au bout de deux heures de marches, il se rendit compte de son erreur et avisa une habitation isolée. Il décida d'y aller demander conseil sur la route à suivre.

Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il se rendit compte que ce qui de loin passait pour une maison n'était une mauvaise cabane adossée aux rochers, masquant grossièrement l'entrée d'une grotte.

Il frappa à la porte et héla, on vint lui ouvrir. L'homme, âgé, était à peine vêtu, et seulement de haillons. Il était maigre et hirsute.

Aristote : "Bonjour, vieil homme. Je me suis perdu et cherche le chemin de Mégare."

Ermite : "C'est si tu y vas, que tu seras perdu."

Aristote : "Je n'ai point souvenir que la ville ou les routes alentours soient à ce point peuplées de brigands."

Ermite : "Qui donc te parle de brigands. Elles sont peuplées d'humains. C'est déjà bien assez dangereux. "

Aristote comprit alors qu'il avait affaire à un ermite.

Aristote : "Dis-moi, es-tu heureux ?"

Ermite : "Si je suis heureux ? Et comment ! J'ai tout ce qu'il me faut : l'eau de la rivière, des oliviers, un petit jardin. Et comme je ne suis pas maladroit de mes mains, je fabrique ce dont j'ai besoin. Je n'ai besoin de rien, ni de personne. Je suis parfaitement heureux."

Aristote : "Un homme ne peut pas se contenter d'une telle vie. Ou alors il n'est pas pleinement."

Ermite : "Balivernes ! Je suis le meilleur des hommes."

Aristote : "Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les autres ? Etre un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les tiens ?"

Ermite : "Mes amis sont la nature, mes oliviers, mes légumes."

Aristote : "Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais donc te laisser prendre racine, adieu !"

Et Aristote reprit sa route, descendant vers Mégare.

Puis elle leva les yeux sur l'assemblée, espérant que chacun avait compris que seul, on n'allait nulle part. Après une petite pause elle reprit la parole pour le sermon.

C'est dans ce texte qu'Aristote souhaite nous enseigner la place sociale de l'homme. Alors qu'il se trouve face à un ermite convaincu d'être heureux et de vivre dans la vertu la plus juste, Aristote nous explique l'importance de l'amitié et de la nécessité de vivre avec les autres.

L'ermite pense être heureux car il vit bien, en effet il a accès aux biens matériels qui suffisent à sa subsistance puisqu'il arrive à produire lui-même de quoi se nourrir et pense ainsi avoir tout ce qu'il lui faut. Ses besoins physiques sont assurés puisqu'il possède de simples outils lui suffisant, de la nourriture, de l'eau... Et en effet de façon matériel, cet homme à tout ce qu'il lui faut, sans s'encombrer de biens de plus en plus importants.

Mais cet homme se trompe sur certains points, il oublie l'Amour, l'Amitié, le don de soi régissant nos vies, des vertus pourtant importantes. Replié sur lui-même, au milieu de nulle part sa solitude pour seule compagnie, l'ermite ne côtoie aucun humain et ne fait ainsi preuve d'aucune vertu car la vertu ne se pratique qu'avec autrui, la vertu peut seulement être partagée et non gardée pour soi.

L'homme s'accomplit au milieu des siens, il est fait pour vivre en communauté, pour partager, comme ici en cette chapelle où nous sommes tous liés par la foi que nous partageons, par l'amour que nous portons au Très-Haut et par cet amour qu'Il nous porte également, à nous Ses enfants. Et comme dans les jours futurs où nous avancerons ensemble traversant les moments de joies, comme les moments de peines, s'aidant mutuellement.

La sociabilité c'est donc aussi l'Amitié, je parle ici de cette valeur bien souvent évoquée, mais que ne doit pas être qu'un mot, mais réellement un principe que l'on doit respecter. C'est la forme la plus parfaite de l'altruisme, l'individu s'accomplit dans un autre que lui-même, en résulte alors une relation mutuelle, une chaîne solide entre l'individuel et le collectif.

Jenah reprit sa respiration, laissant à tous le temps de penser, de réfléchir personnellement au texte qui avait été lu et de penser à tendre la main vers les autres, à partager plutôt que de vouloir s'accrocher seul au matériel ou au pouvoir.

Aujourd'hui Clovis Edouard, entouré de ses proches, demande le baptême, il entre maintenant dans la communauté des croyants, il fait le choix de se tourner vers le monde des Idées, oubliant la vision purement matérielle du monde. Aujourd'hui c'est la foi qui illumine son âme et son cœur, c'est cette Foi dans laquelle son parrain devra le guider. Par ce baptême Clovis Edouard avance sur le chemin de la purification, un chemin pluriel dans lequel chacun trouve sa voie pour se diriger vers le Très-Haut et ne pas écouter les tentations du Sans-Nom.

Jenah marqua une pause et invita alors Clovis Edouard à la rejoindre près de l'Autel. Elle lui demande également de déclamer le serment d'allégeance à l'Eglise.

Clovis Edouard prêta serment, c'était au tour de Jenah d'accomplir le geste rituel. Elle plongea ses doigts entremêlés dans le récipient contenant l'eau bénite déposé sur l'Autel, n'ayant pas de baptistère à disposition dans cette coquette chapelle. La Sœur recueillit le précieux liquide et le fit glisser sur le front du jeune Van Ansel en disant :

Clovis Edouard je vous baptise au nom de l’Eglise Aristotélicienne et au nom du Très Haut, pour l’amitié de tous les Saints et pour l’amour du Père de l’humanité.

Petite pause, le temps notamment de procurer un linge au nouveau baptisé afin qu'il n'attrape pas froid en cette saison. Puis la clerc reprit.

Recevez des mains de votre Parrain un signe de la Foi par ce cierge, gardez cette lumière bien en vous pour pouvoir la porter aux autres et les éclairer. Fortes et sombres sont les voies de la Créature sans Nom et nombreux les ennemis qui tenteront d'éteindre cette flamme qui se trouve en votre cœur. Avec l'aide de votre parrain et des membres de l'Eglise, préservez-la.

Chevreux, trouverait le cierge déjà allumé pour le porter à son filleul. Il pourrait lors de cette transmission, prendre la parole afin de porter ses premiers conseils ou simplement féliciter, comme il lui plairait.

Puis le second objet, celui qui serait porté sur le cœur, serait amené par une personne très importante pour le jeune homme. C'était là une surprise qu'elle lui faisait ayant vu le déroulé de la cérémonie avec la maîtresse du domaine.

Clovis, recevez également des mains de votre maman la médaille des baptisés. Portée sur le cœur d'un fidèle elle rappelle l'appartenance à la grande famille aristotélicienne et l'importance de l'Amour, sens de nos vies.